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dimanche 19 mai 2024
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Dossier//Lutte contre le terrorisme aux frontières et dans les zones urbaines// « La Côte d’Ivoire est encore loin d’être à l’abri de nouvelles attaques », selon des experts

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Dossier//Lutte contre le terrorisme aux frontières et dans les zones urbaines// « La Côte d’Ivoire est encore loin d’être à l’abri de nouvelles attaques », selon des experts

« Alors même que la Côte d’Ivoire semble mieux placée que beaucoup de ses pays voisins pour faire face à la menace d’une insurrection jihadiste, la plupart des responsables ivoiriens ont bien compris que ce n’était pas le moment de se reposer sur ses lauriers. Ils savent très bien que les centaines de pistes de brousse non surveillées qui relient le pays à ses nombreux voisins sont des failles potentielles qui pourraient servir de point d’entrée pour les groupes jihadistes. Nombreux sont ceux qui estiment que la Côte d’Ivoire est encore loin d’être à l’abri de nouvelles attaques, y compris peut-être dans les zones urbaines, en dépit de tous les nouveaux déploiements militaires dans les six régions septentrionales au cours des dernières années.
Toutefois, on peut dire que, d’une manière générale, la Côte d’Ivoire est sur la bonne voie et devrait poursuivre les stratégies mises en place par le gouvernement pour renforcer la sécurité le long de ses frontières septentrionales, en parallèle aux programmes de réduction de la pauvreté et du chômage dans la région. D’autres investissements dans les économies locales, les relations entre les communautés et l’armée, la coopération militaire transfrontalière et les capacités militaires seront également nécessaires pour aider la Côte d’Ivoire à continuer à repousser les groupes jihadistes qui ont semé souffrance et instabilité dans les pays voisins. » C’est la conclusion d’un rapport sur la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest produit par l’Ong International Crisis Group. Produit à Bruxelles, 11 août 2023, le rapport dont le titre est : « Empêcher les jihadistes de pénétrer dans le nord de la Côte d’Ivoire »,(Crisis Group Briefing Afrique N°192 Abidjan/Bruxelles, 11 août 2023) donne froid dans le dos, en parcourant certains passages.
Surtout au moment où le cœur de la Côte d’Ivoire sportive bat au rythme de la Coupe d’Afrique des Nation/ Football 2024 qui aura lieu en Janvier et Février 2024, dans six villes ivoiriennes dont Korhogo, San pedro et Abidjan. Surtout ces deux villes portuaires vu que l’objectif de ces bandes armées est de s’offrir un port d’attache pour mieux mener des commerces illicites.
Mais que dit la synthèse dudit rapport ?
Dans la synthèse les rapporteurs du document indiquent : « Depuis leurs bases dans le nord du Mali et l’est du Burkina Faso, les groupes jihadistes du Sahel se sont déplacés vers le sud en direction des pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, et on pourrait craindre qu’ils ne finissent par s’y établir. Des groupes d’insurgés se sont installés dans les forêts le long des frontières méridionales du Burkina Faso avec le Bénin, le Ghana, le Togo et la Côte d’Ivoire. Si on compare la Côte d’Ivoire aux États du Sahel, dans lesquels les jihadistes progressent régulièrement, on peut constater que le pays a plutôt bien réagi, en associant la sécurité à une approche socio-économique inclusive. Les autorités d’Abidjan devraient poursuivre leurs efforts en matière de sécurité, notamment en soutenant les initiatives régionales d’échange de renseignements. Elles devraient également travailler à la mise en place d’une coopération militaire bilatérale avec le Burkina Faso et éventuellement avec les États côtiers tels que le Bénin, le Ghana et le Togo. Enfin, elles devraient intensifier leurs efforts pour instaurer la confiance entre les forces de sécurité et les habitants du nord, tout en renforçant leurs investissements dans des programmes qui assurent des moyens de subsistance, en particulier aux jeunes et aux femmes, en veillant notamment à ce que ces programmes touchent les villages les plus reculés.
La situation sécuritaire est inquiétante dans une grande partie de la région. Les jihadistes sont en marche dans le nord et le centre du Mali et au Burkina Faso, où un habitant sur onze a été déplacé. »
D’autres belles feuilles du précieux document
« En outre, Hamadoun Koufa, le chef de la Katiba Macina du GSIM, aurait chargé un jihadiste burkinabè, connu sous le nom de guerre de Hamza, de mettre en place des unités dans le nord de la Côte d’Ivoire et d’y recruter des combattants. Selon le chef des services de renseignement français, Bernard Emié, lors d’une rare allocution publique en 2021, les trois principaux dirigeants du GSIM auraient filmé une autre vidéo en février 2020, dans laquelle ils se mettaient d’accord pour élargir leurs insurrections du Sahel vers le sud, dans les pays du golfe de Guinée, notamment la Côte d’Ivoire et le Bénin.
Malgré tous ces signaux, la Côte d’Ivoire ne s’attendait pas aux incursions d’insurgés qui ont commencé le long de sa frontière de près de 600 kilomètres avec le BurkinaFaso,« En juin 2020, des dizaines de combattants du GSIM, à moto, ont tué quatorze soldats dans un poste mixte armée-gendarmerie dans le village de Kafolo, au nord du pays, à moins de deux kilomètres de la frontière. Les observateurs ont considéré cet attentat comme des représailles à l’opération Comoé, une offensive ivoiro-burkinabè de lutte contre le terrorisme qui avait démantelé l’infrastructure des insurgés à l’intérieur et autour du parc national de la Comoé, dans le nord-est de la Côte d’Ivoire, un mois plus tôt. »
Aussi, la source ajoute que : « L’offensive de la Comoé était la première opération conjointe antijihadiste dans la région et faisait suite à la localisation par les services de renseignement d’un commandant jihadiste recherché dans le nord de la Côte d’Ivoire. Kafolo est un point d’entrée stratégique particulièrement exposé aux attaques jihadistes en raison de sa proximité avec la frontière burkinabè et le vaste parc de la Comoé. Les forces de sécurité ont capturé un coordinateur présumé du raid et interrogé des dizaines d’autres personnes, dont la plupart étaient des hommes de l’ethnie peul de Kafolo, qui ont depuis quitté le village. »
Attention à ces atouts qui pourraient devenir des handicaps
Le rapport dit que : « Le gouvernement parfaitement conscient que les atouts de la Côte d’Ivoire pourraient devenir des handicaps, notamment sa position de première puissance économique de l’Afrique de l’Ouest francophone. La richesse relative du pays, ainsi que les liens étroits d’Abidjan avec l’ancienne puissance coloniale, la France, pourraient faire de la Côte d’Ivoire une cible privilégiée des acteurs extérieurs qui tentent
d’attiser le sentiment antigouvernemental. « La Côte d’Ivoire est une vitrine de l’Occident », a déclaré un observateur à Crisis Group, faisant référence aux relations du pays avec les bailleurs de fonds européens et autres qui précise : « En termes de propagande, déstabiliser la Côte d’Ivoire aurait des répercussions considérables ». Par ailleurs, mentionne avec force ledit rapport : « La Côte d’Ivoire prépare également deux évènements de premier plan à court terme : la Coupe d’Afrique des Nations de football, qui devrait se tenir dans les stades de tout le pays en janvier-février 2024, et une élection présidentielle en octobre 2025.En dehors de la dimension de cible, trois questions préoccupent tout particulièrement les responsables ivoiriens.(…) Le souci principal du gouvernement aujourd’hui est l’afflux de réfugiés en provenance du Burkina Faso. »
Dans un premier temps, ces personnes ont principalement traversé la frontière pour trouver refuge auprès de parents ou de familles d’accueil jusqu’à ce que les violences s’apaisent dans leur pays. Mais depuis le coup d’État d’octobre 2022 (Burkina Faso) à Ouagadougou, les chefs militaires burkinabè ont intensifié leurs efforts de lutte contre l’insurrection en recrutant massivement des « volontaires pour la défense de la patrie », ou milices de volontaires. (…) Cette situation a conduit le nombre de réfugiés arrivant dans le nord de la Côte d’Ivoire à plus que quadrupler entre mars et juillet pour atteindre 32 000 au moment de la rédaction de ce rapport. La majorité d’entre eux sont des ‘peuples nomades du Sahel’ dont des familles avec des enfants et beaucoup sont venus avec du bétail. ‘Ces peuples nomades du Sahel’ sont moins bien perçus par les locaux que d’autres groupes ethniques de la région, ce qui fait craindre que leur présence puisse créer des tensions. Les autorités craignent également que des jihadistes ne profitent de l’afflux de réfugiés pour s’infiltrer. » (voir encadré)
Attention au secteur de l’orpaillage illégale
Par ailleurs, ajoute la source, « L’orpaillage est une autre source d’inquiétude, héritage du conflit civil en Côte d’Ivoire, qui a vu le nord du pays échapper au contrôle de l’État pendant près d’une décennie, de 2002 à 2011. Les chefs rebelles ont encouragé l’orpaillage et se sont procuré une grande quantité de minerai auprès des contrebandiers pour financer leur mouvement. Tengréla, une ville située à l’extrême nord de la Côte d’Ivoire et à cheval sur la frontière malienne, est un véritable casse-tête. Les gisements d’or de Tengréla attirent des milliers de jeunes hommes et femmes. Les jeunes hommes de la région sont souvent encouragés par leurs mères à se lancer dans l’extraction de l’or, faute d’autres opportunités, tandis que les jeunes femmes considèrent les sites miniers comme des refuges contre les structures sociales traditionnelles et les rôles dévolus aux hommes et aux femmes.
Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Encadré : De 18 mille le nombre est passé à plus de 32 mille réfugiés
La Côte d’Ivoire, face à l’affluence a décidé de fournir une « assistance humanitaire » à plus de 18 000 réfugiés burkinabè. Face à la forte augmentation du nombre de déplacés qui fuient les violences au Burkina Faso, le Conseil national de sécurité ivoirien a décidé d’organiser leur accueil, pour l’instant à titre provisoire.
Le Conseil national de sécurité (Cns), présidé par le président Alassane Ouattara, le 12 avril, a annoncé l’aménagement de deux sites de transit pour accueillir les quelque 18 000 réfugiés du Burkina Faso fuyant les violences jihadistes qui frappent le nord du pays. Le communiqué du Cns annonce également l’« aménagement en cours de deux sites de transit dans les départements de Ouangolodougou (nord) et Bouna (nord-est), destinés à accueillir provisoirement » 18 846 réfugiés, un nombre estimé par le Haut- Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr). Le nombre de réfugiés a bondi en un peu plus d’un an : en février 2022, le Hcr en dénombrait environ 7 000. En Juillet 2023, ce chiffre a presque quadrupler entre mars et juillet, pour atteindre 32 000 au moment de la rédaction du rapport de Cris Group.
Selon la source officielle ivoirienne, les personnes recensées sont pour l’instant « accueillies par les communautés locales » dans le nord et dans le nord-est de la Côte d’Ivoire. Certains réfugiés ont été accueillis par des proches ou des parents dans cette région où les mêmes familles habitent parfois de part et d’autre des 620 km de frontière qui sépare les deux pays.
B. M


Légende photo : Les forces de défenses et de sécurité veillent au grain( Ph :RD)

 

 

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